MEMOIRES DU TEMPS: La Clepsydre

C'est une horloge à eau, instrument de mesure du Temps, fonctionnant par l'écoulement d'un filet d'eau entre deux récipients. Elle fonctionne à peu près sur le même principe que le sablier, mais avec de l'eau à la place du sable.

Dans sa forme la plus primitive, la clepsydre n'est constituée que d'un bol unique percé d' un trou à son point le plus bas, par lequel l'eau s'évacue. La durée écoulée se mesure grâce aux graduations gravées à l'intérieur du récipient.

Clepsydre vient du grec "KLEPSYDIA" qui signifie "Voleur d'eau". Dans la longue histoire des outils de mesure du Temps, la clepsydre fait figure d'étape fondamentale. Pour la 1ère fois, un système permet de calculer une durée indépendamment des évènements extérieurs, comme les conditions météos, contrairement au cadran solaire. La clepsydre ne dépend pas du soleil pour fonctionner, elle prend donc en compte les heures de la nuit, ce que ne fait pas le cadran solaire.

Au fil du temps, les Egyptiens jusqu'aux savants les plus prestigieux d'Arabie et de Chine, l'horloge à eau s'est perfectionnée pour devenir un instrument de plus en plus précis et majestueux. Bien que des tablettes Babyloniennes plus anciennes fassent déjà mention de l'horloge à eau, sa 1ère manifestation archéologique date du règne d'AMENHOTEP III (-1 350 av JC). Il semblerait néanmoins, que la conception de cet instrument soit antérieure à ce règne, comme l'atteste des descriptions d'une telle horloge sur les murs de la tombe du scribe AMENEMHAT, ayant officié sous le règne de Pharaons plus anciens (-1 500 av JC).

Il s'agit donc, d'un exemplaire unique découvert à KARNAK dans le Temple d'AMON, au début du XXème siècle (1904). Il s'agit là, de la 1ère référence connue de système de mesure du Temps de cette sorte, basée sur le débit constant d'un liquide dans un vase conique orné de graduations, avec un orifice pour l'écoulement de l'eau. Cette horloge à eau, est exposée au Musée du Caire.

La clepsydre de KARNAK est une vasque en Albâtre, de forme tronconique (en pot de fleur), haute de 35cm et de 49cm de diamètre.

La surface extérieure, gravée dans le creux, est divisée en 3 registres, illustrant les Divinités des mois, les constellations, les décans et planètes.

La parois intérieure est gravée de signes de mesures permettant de mesurer des intervalles de temps, ces graduations sont à peu près équidistantes.

Le petit orifice situé à la base de l'objet permet l'évacuation de l'eau au goutte à goutte.

Sur la parois intérieure, sont donc gravés les 12 mois de l'année (4 mois par saison) sur tout le contour de la face supérieure du rebord. Sous chacun de ces mois, sont gravées à la verticale 11 marques circulaires, ces marques composent des bandes relatives aux différentes heures de la nuit. Ces colonnes avaient une hauteur en fonction du mois en cours.

Le mois du solstice d'été possédait le jour dont la nuit était la plus courte : la colonne correspondante avait une hauteur de 12 doigts.

Le mois du solstice d'hiver était celui de la nuit la plus longue, par conséquent, la colonne était plus grande et haute de 14 doigts. La parois extérieure présente une description du Ciel et des Saisons.

Les 12 mois de l'année sont associés à des noms de fêtes, 3 rangées se partagent l'espace gravé.

La rangée supérieure, en allant de la droite vers la gauche, représente les Décans. La déesse ISIS, associée à l'étoile SOTHIS, se trouve au milieu, tandis que vers la gauche sont représentés les 4 planètes : JUPITER, SATURNE, MERCURE, VENUS. La rangée du milieu décrit les constellations de l'hémisphère Nord. La rangée inférieure est partagée en 6 cases, chaque case représentent 2 mois de l'année et chaque mois est associé à un Dieu.

L'ouverture de la clepsydre est située en bas, entre la 1ère et la 6ème case. La forme conique de la vasque avait pour but de pallier le changement de pression. La pression est plus forte lorsque la hauteur du niveau de l'eau est maximale. Sous cet effet, l'eau est évacuée plus rapidement. C'est pour cela que la vasque est plus large en son sommet. Le volume d'eau à évacuer est plus important, puisque il s'écoule plus vite. Le diamètre du cône diminue avec le niveau de l'eau qui entraine une diminution de la pression. Le débit est ici plus faible, l'eau s'écoule plus lentement.

Les Egyptiens avaient pris connaissance de la notion de pression et avaient tenté de corriger les erreurs de mesures. Malgré cela, leurs observations d'une théorie précise ne purent que corriger approximativement les mesures. les 1ères heures étaient un peu trop courtes, tandis que les dernières un peu trop longues. Malgré ces remarques, la précision obtenue était tout à fait remarquable pour l'époque.