vendredi 5 avril 2024

 

Lord Carnarvon

Un Mécène Eclairé

Encore une fois, la fatalité va se charger du destin de ce haut aristocrate anglais, né en juin 1866 dans la propriété familiale de Highclere Castle située dans le comté du Hampshire. En 1901, George Edward Stanhope Molyneux Herbert, plus connu sous le nom de Lord Carnarvon 5ème du nom, est victime d’un grave accident de voiture en Allemagne à Schwalbach. Cette passion pour l’automobile et la vitesse auront raison de lui, le laisseront dans un état de faiblesse et de grandes douleurs.




Au vu de sa santé vascillante et de ses 52kg, les médecins lui conseillent de passer l’hiver loin du climat humide de la Grande Bretagne. C’est durant l’hiver 1903 que Lord Carnarvon séjourne pour la première fois sur les rives du Nil à l’hôtel Bristol au Caire. La fascination pour le Pays des Pharaons n’est pas immédiate comme le racontera plus tard son fils : « Beaucoup de gens m’ont demandé comment vint à mon père ce goût pour l’égyptologie ». Lui, l’homme au tempérament actif : « trouve qu’il n’y a rien à faire dans ce pays », et souffre de l’ennui.


 Sur les conseils de Lord Cromer (homme d’état britannique en Egypte) il obtient une concession ainsi que l’autorisation de fouiller le site de Cheikh Abd el-Gournah. C’est là véritablement que débute une autre partie de sa vie. Il s’installe avec son épouse au Winter Palace à Louxor. Tous les matins, sous les yeux amusés des employés de l’hôtel, Lord Carnarvon et Almina vêtus comme s’ils se rendaient à une garden party, quittent l’établissement pour le lieu de fouilles.

En superviseur des travaux, il passe ses journées sous un tente protégée par une moustiquaire, mais cette première saison de fouilles fût loin d’être fructueuse. La récolte archéologique se résuma à une seule momie de chat ! Loin de se laisser abattre et au vue de ses ambitions illimitées, il demande à son ami Cromer de lui trouver une meilleure concession. Ce dernier le met en relation avec Gaston Maspero (Egyptologue Français et directeur des Antiquités Egyptiennes), qui lui présente immédiatement un certain… Howard Carter.

Entre les deux hommes, que tout divise, naîtra une belle amitié ainsi qu’une formidable et solide association. Lord Carnarvon et Carter explorent la nécropole Thébaine, Assouan ainsi que le Delta où une invasion pullulante de cobras stoppe ces nouvelles fouilles. En 1915, il récupère la concession de Théodore Davis dans la Vallée des Rois, où ont été découverts les restes du banquet funéraire de Toutankhamon. Mais malheureusement les fouilles sont stoppées par la première guerre mondiale et le Lord rentre en Angleterre.




Ce n’est qu’en 1917 que les travaux reprennent ; Howard Carter est persuadé que c’est bien ici que se trouve la tombe du jeune Roi. Après des années à déblayer, à remuer le sable sans découvertes fructueuses, Lord Carnarvon décide de mettre fin au mécénat en 1922. C’est sous l’insistance persuasive de l’archéologue que l’aristocrate accepte une nouvelle saison de fouilles dans cette Vallée des Rois qui va lui donner raison, et qui va lui offrir la plus belle des récompenses…

« Avons enfin fait une découverte extraordinaire dans la Vallée : une tombe somptueuse dont les sceaux sont intacts ; l’avons refermée jusqu’à votre arrivée ; félicitations. ». Voilà le télégramme envoyé par Carter à Lord Carnarvon, qui s’empresse de repartir pour la Vallée des Rois. Il arrive à Louxor le 23 Novembre 1922 au soir en compagnie de sa fille Lady Evelyn ; trois jours après ils pénètrent dans l’antichambre de la KV62.

Que ne fût pas son émerveillement devant cette porte scellée, inviolée et intacte depuis sa fermeture 3000 ans auparavant. Le sceau représentant Anubis et les neuf prisonniers est encore indemne. Emerveillé, Lord Carnarvon va l’être encore plus lorsque Howard Carter allume une bougie et éclaire la pièce. Impatient et nerveux, le mécène lui demande : « Pouvez-vous voir quelque chose ? », l’archéologue stupéfait lui répond : « oui des choses magnifiques ! ».




Deux mois s’écoulent avant l’ouverture officielle de la chambre funéraire qui eut lieu le 18 février 1923, où les deux hommes purent apercevoir à la lueur des torches, la chapelle extérieure. C’est la dernière vue que Lord Carnarvon aura de la tombe, car fin Février il part se reposer quelques jours à Assouan. Il ne prête pas attention à la piqûre de moustique présente sur sa joue, et lors du rasage, la lame entaille cette fameuse piqûre. Suite à cette coupure la blessure s’infecte, son état de santé s’aggrave, et sa fille Evelyn décide de le ramener au Continental Savoy au Caire.

Son médecin de famille, son épouse, son fils ainsi que Howard Carter arrivent au chevet du Lord, mais il est trop tard, son état s’est empiré. Il décèdera au petit matin du 5 Avril 1923 des suites d’une septicémie ayant entrainée également une pneumonie. Il parait qu’au même moment au Château de  Highclere, sa fidèle chienne Susie s’effondre dans un hurlement, et une gigantesque panne d’électricité plonge la ville du Caire dans l’obscurité.




Abattu, Carter notera dans son journal : “ Poor Ld.C. died during the early hours of the morning”.

A l’origine d’une des plus grandiose découverte du XXème siècle dans le domaine archéologique, rien ne prédestinait cet aristocrate britannique à fouler le sol Egyptien pour vivre cette fabuleuse aventure. Ironie du sort ou Malédiction du Pharaon, Lord Carnarvon mourût sur cette même terre qui lui a donné tant de satisfactions le 5 Avril 1923, tout juste 5 mois après l’illustre découverte.

Nous retiendrons de ce grand mécène son véritable engagement auprès d’Howard Carter, sa ténacité à persévérer dans cette chasse au trésor, et d’avoir pu permettre la mise au jour de cette inestimable merveille pour le grand bonheur de l’humanité.

lundi 18 mars 2024

 

Howard Carter

Naissance d’une vocation

Hasard du destin ? Peut-être…ou peut-être pas…

100 ans ! Juste 100 ans séparent les deux grandes découvertes des deux Grands Messieurs qui ont marqué l’Histoire à tout jamais. Rappelez-vous, le 14 septembre 1822, Jean-François Champollion déchiffrait les Mystères des Ecritures des Dieux.

Novembre 1922, c’est au tour du londonien Howard Carter d’offrir au Monde entier La Découverte du Siècle qui fera de lui l’archéologue le plus célèbre de ces cent dernières années.




C’est en effet le 4 Novembre 1922 qu’Hussein, un jeune porteur d’eau, trébuche sur une marche qui les conduira vers le Graal tant recherché depuis des années. Quelques jours plus tard, le 26 Novembre, Howard Carter rentrera dans l’Histoire lorsqu’il pu  lire le Nom de TOUTANKHAMON sur les sceaux poussiéreux et intacts, vieux de 3 000 ans.

Ce n’est que le 29 Novembre 1922 que KV62 est officiellement ouverte devant un parterre de spécialistes triés sur le volet. Sa Découverte lui vaut une célébrité qui ne s’est jamais démentie, elle couronne magnifiquement une carrière qui n’a rien d’un long fleuve tranquille.

Notre archéologue, à la personnalité complexe, a dû surmonter bien des épreuves. Son caractère intransigeant qui va parfois à l’encontre de ses propres intérêts, ne l’a guère aidé. Car bien avant sa découverte archéologique Howard carter a dû essuyer bien des revers.

Enfant, il ne fréquente pas plus l’école que l’université, il a d’énormes lacunes surtout en orthographe, ses écrits sont parsemés de fautes. Par contre doué pour le dessin, son père le présente à une famille de riches aristocrates et collectionneurs qui se passionne pour l’Egypte. Il y découvre la civilisation pharaonique et fait une rencontre qui va changer le cours de son existence.

Percy Newberry Egyptologue, recrute Howard Carter comme dessinateur pour l’Egypt Exploration Fund en 1891. Après avoir formé son œil à l’art Egyptien dans les collections et archives du British Museum, notre jeune anglais, à tout juste 17 ans, embarque pour le pays des Pharaons.

Sa première mission en 1892 est de recopier fidèlement à l’aquarelle, des scènes, des textes, des peintures figurant dans les tombes de Beni Hassan, une nécropole à 250  km du Caire. Dans la foulée il participe aux fouilles à Tell-el Amarna, l’antique capitale d’Akhénaton, pour le compte du Baron Amherst of Hackney qui contribue financièrement aux travaux de Flinders Petrie considéré comme étant le père de l’Egyptologie moderne. Howard Carter y met à jour un fragment de statue du Roi Akhenaton, mais est congédié par la suite par Petrie qui ne l’apprécie pas du tout. Peu importe, notre britannique rebondit et l’année d’après se retrouve à Deir-El Bahari comme dessinateur en titre chargé de la reproduction des scènes qui tapissent le Temple monumental de la Reine Hatchepsout. C’est là qu’il rencontre Gaston Maspéro, l’Egyptologue français qui apprécie Carter, et lui propose la place d’inspecteur général des monuments de Haute-Egypte.

Il quitte l’Egypt Exploration Fund en 1899 et se consacre entièrement à ses nouvelles fonctions. Il veille à la conservation et à la protection des monuments, surveille les missions archéologiques, organise le transfert des momies royales et supervise les premières expéditions dans la Vallée des Rois.

En 1900, il entreprend lui-même des fouilles dans la cour du complexe funéraire de Moutouhotep II à Deir-El Bahari et découvre l’entrée du tombeau. Il convie les officiels à l’ouverture de la sépulture ; hélas elle se révèle vide, à l’exception d’une étonnante statue du souverain. Howard Carter déçu, perd la face devant ses invités et se sent humilié. Mais, cette aventure ne contrarie pas Théodore Davis, un richissime homme d’affaire et avocat américain, qui lui demande de travailler pour lui dans la Vallée des Rois. Ce mécène envieux et désireux de se procurer de beaux objets, achète la concession de la Vallée des Rois sur les conseils avisés de Carter. Les deux hommes noueront une solide amitié, et c’est ainsi que de 1902 à 1914 ils travailleront ensemble, et les fouilles de Davis et Carter furent les plus nombreuses et fructueuses menées dans la Vallée des Rois (plus de 20 années de découvertes…). Ils découvriront la tombe de Thoutmosis IV, Thoutmosis I et Hatchepsout en 1903.

Toujours en 1903, Carter est promu inspecteur pour la Basse et Moyenne Egypte, il quitte la Vallée des Rois et s’installe à Saqqarah. Mais en 1905, au Sérapéum éclate un incident entre des touristes français et les gardiens du site, il s’ensuit une bagarre et un scandale diplomatique provoque des tensions entre la France et l’Angleterre. Tenu responsable, Carter refuse de présenter des excuses, il est renvoyé de ses fonctions.

Il reprend l’aquarelle, vivote quelques années, et c’est pendant cette période de transition qu’il fera la connaissance d’un certain…Lord Carnarvon. C’est ainsi que les deux hommes entrent en relation et que commence une collaboration qui connaitra le succès que l’on sait.

C’est à partir de 1909 que nos deux britanniques reprennent les fouilles dans les nécropoles de Dra Abou el-Naya. Ils découvrent la tombe ornée de peintures de Tétiky, un dignitaire du début de la XVIIIème Dynastie, ainsi que du matériel funéraire. Mais lassé par le côté répétitif des tombes, reproduisant le même schéma historique, le mécène et l’archéologue cherchent à s’investir sur d’autres sites.

Clin d’œil du destin, en 1914 Théodore Davis rend la concession de la Vallée des Rois aux services des Antiquités. Lord Carnarvon se porte immédiatement candidat, et Gaston Maspéro accède volontiers à sa requête. Coup du sort ! Le monde rentre en guerre, les missions sont stoppées nets. Carnarvon rentre en Angleterre et Carter reste en Egypte.

Enfin en 1917, les travaux reprennent dans la Vallée des Rois. Carter fort de ses intuitions, est persuadé que c’est bien ici que se trouve la tombe du jeune Roi. Malgré la rudesse de la tâche, obstiné par ses certitudes, l’équipe de fouilles déblaye des tonnes de calcaire pendant des années sans découvertes fructueuses. Lord Carnarvon au vu des dépenses très lourdes investies, décide de mettre fin aux recherches en 1922. Howard Carter insiste, lui proposant même une aide financière personnelle, car dit-il « il reste un triangle de terrain qui n’a pas été prospecté ». Le mécène accepte de continuer et s’engage à financer cette ultime tentative. Et la suite vous la connaissez...

« Son homme érudit » comme l’appelait le Lord, a eu raison de ses intuitions, puisque le 4 Novembre 1922, il se retrouve au pied d’une porte murée sur laquelle se trouve un sceau indiquant le Nom de celui qui repose dans ce tombeau : TOUTANKHAMON.




Après la découverte, Carter consacrera toute son existence au jeune Roi. Il ne se maria jamais et finit ses jours dans la solitude. La mort prématurée de Lord Carnarvon le 5 Avril 1923 déstabilise quelque peu notre archéologue, car il perd la protection d’un aristocrate estimé et ami. L’association des deux hommes représentait plus qu’une équipe qui fonctionne, leurs différences les rendaient complémentaires et indispensables l’un à l’autre.




En 1932, dix ans après la découverte du tombeau, Carter évacue les derniers éléments du mobilier funéraire. Ainsi, s’achève son travail dans la Vallée des Rois, il ressent un grand vide… Rien dans sa vie future ne sera plus jamais comme avant, il écrira un ouvrage en 3 volumes qui rend compte de la progression des travaux. Il partagera son temps entre sa maison de Louqsor et son appartement Londonien. Il flânera sur la terrasse de l’hôtel Winter Palace à contempler le Nil et les paysages, fera la tournée des marchands d’art.

Au milieu des années 30, la maladie de Hodgkin lui est diagnostiquée, ce cancer des ganglions l’emportera le 2 Mars 1939. Ainsi s’achève la vie mouvementée de l’archéologue le plus célèbre au monde. Ironie du sort, il s’éteint dans son lit à Londres loin de sa Vallée des Rois, loin de ce pays qui l’a rendu légendaire, et à qui il a voué, sa vie entière, à la plus grande et la plus illustre des découvertes archéologiques.   

Artiste de talent, archéologue par hasard, Howard Carter développera une passion sincère pour l’archéologie qu’il adoptera, par une attitude rigoureuse et appliquée. Bien qu’il ne fût jamais honoré par la Couronne Britannique pour ses découvertes inestimables, il n’en demeure pas moins l’un des archéologues les plus connus et reconnus de tous les temps.

« Puisse ton esprit vivre, puisses-tu vivre des millions d’années, toi qui aimas Thèbes, ton visage face au vent du nord et tes yeux contemplant le bonheur ». Stèle de Carter.

vendredi 3 juin 2022

La Mèche de l'Enfance

 

                                                      Hommage à Horus


La tresse de l'enfance fait partie d'un des signes distinctifs de l'image de l'enfant dans l'Egypte Antique.
Les autres signes sont, entre autre, la nudité et le doigt porté à la bouche.
Le port de cette tresse concerne les enfants sortis de la petite enfance.


Mèche à droite associée à la Vie



Cette mèche c'est pour ainsi dire "la marque de l'enfance", et à la puberté elle est coupée.
 Mais pour l'Egyptologue Toulousaine Amandine MARSHALL: 

"Cette poignée de cheveux qui retombe à l'arrière ou sur l'un des côtés de la tête des enfants est souvent qualifiée de "mèche de l'enfance", étant donné qu'on la rencontre en l'état chez les adolescents, il est préférable d'utiliser l'appellation "mèche de jeunesse".

On peut également lire souvent que cette coupe de cheveux symbolise la fin de l'enfance et le passage à l'âge adulte, car la mèche est sectionnée à la puberté, vers 10 ans pour les filles et jusqu'à  la circoncision pour les garçons, vers 13-14 ans.

La mèche de l'enfance se rencontre à toutes les périodes de l'Antiquité Egyptienne, et ses positions pouvaient varier en fonction des différentes périodes.
On pouvait la retrouver à l'arrière de la tête à l'Ancien Empire, et latéralement au Nouvel Empire. 


Mèche à l'arrière de la tête

Cette coiffure traditionnelle était portée autant par les filles que par les garçons.
Ils avaient le crâne rasé, et seule une mèche de cheveux tressée tombait d'un côté sur l'oreille et se terminait par une boucle.

On constate que les enfants de toutes classes sociales pouvaient porter la mèche, ce qui exclut un marqueur de critère social.
 Par contre, en fonction du rang social de l'enfant, la tresse était décorée de façon différente.
De simples fleurs pour les agriculteurs et les ouvriers, tandis que les enfants de familles royales ou nobles arboraient un fermoir en or.

La symbolique de la mèche portée sur le côté droit était associée à la Vie, alors que la mèche portée à gauche avait un rapport avec la mort.
Cette mèche tressée sur une tête en partie rasée véhiculait une aura positive, pleine de vitalité, d'énergie et une sorte de protection.

Au Nouvel Empire cette tresse devient l'attribut des Dieux-enfants comme HORUS, KHONSU... et des enfants royaux, cette mèche se pare d'un intérêt propre, celui de l'Essence Divine.

Cette coiffure traditionnelle rend hommage à HORUS, qui lui même la portait étant enfant.



HARPOCRATE adaptation de HORUS Enfant

https://mysteresetsciences.wordpress.com


lundi 23 mai 2022

Le Mausolée de l'AGA KHAN III

                                                     Elégance Fatimide 


Monument Funéraire situé à ASSOUAN sur la rive occidentale du Nil.  

Sir Sultan Muhammed SHAH y repose depuis 1959.

L'Egypte était autrefois le centre du pouvoir des Fatimides (Dynastie d'origine Arabe).

La construction du Mausolée a commencé en 1956 et s'est terminée en 1960. Il se trouve au sommet d'une colline où il surplombe la maison du Prince Sadruddin Aga Khan, ancienne résidence d'hiver de l'Aga Khan III. Le site avait été choisi par l'Aga Khan 3 ans avant sa mort.

C'est son épouse qui a commandé la construction du Mausolée, et de sa villa au pied de la colline, elle en surveilla chaque étape, le travail est achevé en 16 mois. C'est elle aussi qui  accepta la visite  intérieure par les touristes. Il devient le monument le plus visité d'ASSOUAN avec 3 000 visiteurs par jour. Il est fermé au public depuis 1997.

C'est l'architecte Egyptien Farid SHAFI'E qui a conçut le Mausolée.
Il raconte qu'il s'est beaucoup documenté sur l'architecture Fatimide avant de concevoir le bâtiment.
Il s'est inspiré d'une Mosquée et d'un Mausolée construit en 1085.

La Mosquée La Masjid al-Juyushi et le Mausolée d'Aga Khan III présentent les mêmes dispositions :

-Murs hauts
-Dôme central
-Nombreux petits dômes
-Mihrab intérieur pour la prière

Des similitudes esthétiques se retrouvent avec la Nécropole d'Assouan avec la présence de Dômes, de portes cintrées, de Mihrabs, et des matériaux de construction qui se fondent dans l'environnement.
Compte tenu des nombreuses caractéristiques communes distinctes, on peut comprendre que la conception du Mausolée d'Aga Khan a été largement influencée par l'architecture Fatimide.

Il est construit en calcaire rose, sur une surface de 450m2, le grès et le granit sont prélevés à ASSOUAN.
Des parapets crénelés bordent le mur extérieur et une porte voutée du coté ouest du Mausolée sert de seule entrée à l'intérieur.
Le côté oriental comporte un grand Dôme central avec des fenêtres à remplage arquées le long du tambour octogonal.
4 Dômes miniatures sont situés à chaque coin du mur extérieur.
A l'intérieur se trouve des inscriptions coraniques ornant la tombe en marbre de Carrare qui fait face à un Mihrab situé sous le Dôme central sur le mur oriental du Mausolée.

Plus de 200 invités, ainsi que l'Aga KHAN IV, étaient présents le jour où l'AGA KHAN a été réinhumé dans le Mausolée le 20 Février 1959, soit 2 ans après sa mort; sa première inhumation avait eu lieu en Suisse où il vivait.

Son épouse continuera à honorer la mémoire de son défunt mari jusqu'à sa propre mort, en déposant chaque jour une rose rouge dans une flûte en cristal. 



Le Mausolée en granit rose avec son Dôme central et son Mihrab



https://mysteresetsciences.wordpress.com






lundi 16 mai 2022

Le Rituel de l'Ouverture de la Bouche

                                               Symbole de Résurrection 

Parmi tous les rituels de l'Ancienne Egypte, un des plus connus est sans doute l'Ouverture de la Bouche, acte hautement symbolique qu'un prêtre pratique avec un instrument : l'herminette.

Magiquement, il redonne la parole, l'ouïe, l'odorat et la vue au défunt, afin qu'il puisse accomplir son périple dangereux avant d'accéder au Royaume des morts.
Lors du Cérémonial Funéraire les fonctions vitales, par des incantations magiques, sont censées être conservées. Cette cérémonie est aussi pratiquée pour les statues (de Pharaon par ex.).
C'est un Prêtre des Rites Funéraires : PRÊTRE-SEM, qui procède au Rituel, il est souvent habillé d'une peau de Léopard, caractéristique du Prêtre-Sem. Il est assisté par plusieurs Prêtres.

Nous connaissons ce rite par la scène la plus fameuse : un Prêtre touche la bouche avec un instrument appelé Herminette. Mais en réalité, il ne s'agit là que de l'acte final d'un rite complexe et long.
Les chercheurs considèrent qu'il existait 75 scènes de ce rite, mais aucune tombe, aucun document ne fournit ces 75 chapitres. Le récit le plus complet en possède une cinquantaine.
Les 75 épisodes se structurent ainsi :

1-9 : Préliminaires
10-22 : Animation (de la statue et du défunt)
23-46 : "Offrandes" de nourritures
47-71 : Nourritures Funéraires
72-75 : Clôture du Rite


Clôture du Rite avec l'usage de l'Herminette





L'Ouverture de la Bouche se pratique aussi bien sur la momie du défunt que sur sa statue. La statue joue le rôle du double du défunt (son KA) est placée dans la tombe.
 Le rituel va concerner en premier la statue qui va pouvoir s'animer, elle va subir différentes purifications (eau, encens). Il faut que la statue ressemble au défunt symboliquement, le Prêtre qui effectue les rites s'en assure et les formules prononcées assurent de cette ressemblance.

Les premières attestations, précise Jean-Claude GOYON Egyptologue, de l'Ouverture de la Bouche sur des statues, remontent au Roi KHEOPS (vers 2 600av.JC).
Il y avait 2 rites bien distincts, qui vont ensuite fusionner durant le Nouvel Empire :

- l'Animation de la statue (rite magique)
- l'Animation du cadavre (rite funéraire)

D'après les décors des tombes et les papyrus du Livre des Morts, l'Ouverture de la Bouche se déroule toujours dans l'entrée de la tombe.
La momie est d'abord déposée debout devant la sépulture, elle est sortie du cercueil et le visage du défunt doit être orienté au Sud. Cette orientation n'est pas un hasard, elle est liée au Culte Solaire, la momie doit être présentée devant RÊ.

A partir de la fin de la 18ème Dynastie (1320-1300 av.JC), le rite se modifie et il se déroule dans la tombe du mort et non plus dans l'entrée. La momie est dressée dans la cour de la tombe.

Un des passages les plus importants dans ce Rite, est lorsque le Prêtre présente un cuisseau de veau encore chaud, ainsi que son coeur à la statue du défunt.
 Il faut bien comprendre que le Prêtre présente ces morceaux en rite et non en offrande de nourriture.
En fait la forme du cuisseau et son Hiéroglyphe ressemblent à une Herminette, utilisée par les Prêtres en fin de Rite.

Cuisseau de veau présenté au visage du défunt



Il faut savoir que les bouchers coupaient les cuisseaux sur un  veau vivant, puis prenaient le coeur (pas toujours). Mais le pire, c'est que cela se déroulait à proximité de la vache (maman du petit veau), provoquant ses meuglements de souffrance. 
Cela ne dérangeaient apparemment pas le Prêtre qui présentait au visage du mort cette offrande encore chaude. Il était important que ces morceaux soient chauds, car ils aidaient à rendre la vie, à animer le défunt, juste avant l'usage de l'Herminette.

En conclusion, le Rite de l'Ouverture de la Bouche permet de préparer, d'animer le défunt pour sa future vie et pour qu'il puisse passer avec succès les épreuves devant le Tribunal de l'Au-Delà, la Pesée de l'Âme etc...
Ces épreuves obligent le mort à parler, à entendre, à voir. Magiquement le Prêtre lui redonne les 5 sens.

Le Rituel Funéraire dans l'Egypte Antique comprend le Rituel de l'Embaumement, la Momification et le Rituel de l'Ouverture de la Bouche.

https://mysteresetsciences.wordpress.com

lundi 9 mai 2022

Momies Animales

                                   Intermédiaires entre l'homme et les Dieux


Presque toutes les espèces animales ont été momifiées.

Les animaux furent momifiés en utilisant les procédés similaires à ceux que l'on appliquait pour créer des momies humaines, à quelques différences près.

On peut distinguer plusieurs sortes de momies animales : 

-Certaines étaient des animaux de compagnie ou des offrandes de nourritures qui accompagnaient le défunt.

-D'autres étaient des animaux sacrés, voir Déifiés au cours de leur existence, sorte d'incarnation vivante d'une Divinité.

-D'autres encore étaient des animaux dont les dépouilles étaient enterrées dans une Nécropole en rapport avec le Culte d'une Divinité particulière (ex: momies de chats à Bubastis).

-Beaucoup d'animaux furent aussi sacrifiés avant d'être embaumés.

La momification d'animaux prit une ampleur particulière durant le premier millénaire avant JC. On estime à plus de 20 millions le nombre d'animaux qui furent momifiés.
La pratique de la momification animale, atteignit son paroxysme durant les périodes Ptolémaïques et Romaines (à partir de 305 av. JC).

Momies de chats



Les animaux n'étaient pas vénérés pour eux mêmes, les Egyptiens les considéraient comme des intermédiaires entre l'homme et les Dieux. Ils étaient élevés dans l'enceinte des Temples et momifiés après leur mort.
Chaque groupe d'animaux sacrés avait ses prêtres, ses gardiens chargés de les nourrir, et ses embaumeurs.

Pour témoigner leur dévotion envers la Divinité, les fidèles payaient l'embaumement d'un animal sacré du Temple. 
En divers Centres Religieux, on découvrit de vastes Nécropoles contenant un grand nombre d'animaux momifiés
Les momies de chats (associés à la Déesse BASTET) et les momies d'Ibis (représentant le Dieu THOT), furent sans doute les plus nombreuses et les plus courantes. Des radiologies de chats momifiés, font apparaitre des vertèbres cervicales brisées, ce qui laisse à penser que certains chats ont certainement été délibérément tués pour servir d'offrandes à la Divinité.

Momie d'Ibis



Parmi les oiseaux momifiés, l'Ibis bat tous les records de popularité. Rien que sur le site de SAQQARA, on estime à 4 millions, le nombre de momies qui ont du être offertes au Temple de THOT, Dieu de l'Ecriture et de la Connaissance.
D'autres catacombes ont accueilli des dizaines de milliers de momies de Faucons, étroitement lié à la Royauté et le Pharaon le considère comme son substitut sur Terre.

Les momies d'oiseaux étaient le plus souvent simplement plongées dans un bain de résine avant d'être "bandellettés" avec plus ou moins de soins selon les cas, certaines possèdent même un masque funéraire. Elles étaient ensuite déposées dans des urnes en terre cuite et entreposées dans des catacombes proche du Temple consacré au Dieu auquel elles étaient destinées.

On trouve aussi des momies de Mangoustes, de poissons, comme la perche du Nil, des insectes avec le Scarabée KHEPRI le Soleil du matin, de veaux, de chiens...
Les reptiles n'ont pas échappé à la piété populaire. Les crocodiles, les serpents, les lézards sont des animaux craints qui peuvent avoir aussi une valeur de protection, une dualité qui les caractérise et qui semble avoir provoqué l'interet  de la population.
Ils ont donc profité de la vénération de masse à la Basse Epoque, ainsi qu'à l'Epoque Ptolémaïque et Romaine.

Momie de Veaux



Le crocodile est associé au Dieu SOBEK dont le Temple de KOM OMBO, entre autres, a accueilli de nombreuses momies.
D'autres momies d'animaux moins vénérés ont été découvertes, comme des antilopes, gazelles.
Dans la Nécropole de SAQQARA, en Novembre 2019, les archéologues ont découverts des petits lionceaux, ils ont qualifié cette découverte d'exceptionnelle.

Momie de Gazelle





Momies de Lionceaux




Le Saviez-vous?

 Selon la tradition, les Maîtres des Chats domestiques devaient se raser les sourcils quand leur animal mourait, et un deuil de 70 jours devait-être respecté (temps de la momification).

Le MAU Egyptien était le Chat favori des Pharaon, c'est un Chat Sacré.

https://mysteresetsciences.wordpress.com

vendredi 29 avril 2022

Utilisations Postérieures des Momies Egyptiennes

                                  Le Commerce de trop

La médecine Arabe use couramment de la "Mummia", en Perse "substances balsamiques" et en Egypte, poudre issue de la réduction des momies.

L'utilisation de la "Mummia" comme médicament a commencé avec le célèbre remède" Pissasphalt noir mummia Persan" pour les blessures et les fractures.

Selon les historiens de la Pharmacie, la momie est devenue une partie de la matière médicale des Arabes, discutée par Muhammad Ibn Zakariya al Razi (845-925) et Ibn al-Baitar (1197-1248).
Les médecins Persans Médiévaux utilisaient le Bitume/Asphalte, à la fois comme onguent pour les coupures, ecchymoses, fractures osseuses, et comme médicament interne pour les ulcères d'estomac et la tuberculose.
Pendant les Croisades, les soldats Européens ont appris l'existence de la "Momie de drogue", considérée comme ayant de grands pouvoirs de guérison en cas de fractures et de ruptures. 

Cette poudre avait le don de guérir de nombreuses maladies comme les céphalées, nausées, paralysies, maux de gorge, fractures, tuberculose etc...et être un bon engrais.

Cette médecine est introduite en Europe lors du retour des croisades. Cette poudre devient si prisée, surtout la "Mummia bianca" provenant de cadavres de fillettes mortes vierges, que la "Mummia nera" qui elle est issue de momies enduites de bitume.
Face à cet engouement pour cette nouvelle thérapie, un commerce de momies Egyptiennes se développe au XVème siècle, mais également des escroqueries avec la substitution et le trafic de corps.
Se développe également le "Baume de Momie", la liqueur de momie aux supposées vertus curatrices.

Récipient Apothicaire en bois


Au XVIème siècle, "le Brun de Momie", qui est un pigment brun-rouge utilisé en peinture d'art, est exploité en alchimie comme teinture et comme pigment pour les peintures à l'huile.
Cette pratique hélas, favorise le pillage des tombes à l'origine de ravage dans les Nécropoles au XV et XVIème siècle.


Vase d'Apothicaire du XVIIIème contenant de la poudre de Momie


Au XVIIIème siècle, bien que les Egyptiens entretiennent la légende de la malédiction des momies dans l'intention que la peur limite la contrebande, les momies sont régulièrement rapportées en Europe, où des séances publiques de démmaillotement de Momie, se déroulent dans les cabinets de curiosités.

1891 Le Dr Fouquet examine la momie d'une Prêtresse d'AMON.
Sont présents Gaston Maspéro, le Marquis de Reverseaux.
Cabinet de Curiosité


Jusqu'au XIXème siècle, des milliers de momies humaines et animales sont importées d'Egypte pour servir de papier d'emballage, de bois de chauffage, de combustible pour les machines à vapeur, d'engrais fertilisants ou pour ces "Mummy Parties".

En 1888 à Tell Basta (Boubastis), les momies de 300 000 chats sont découvertes dans une Nécropole, elles ont été réduites en poudre, et c'est pas moins de 19 tonnes de poudre qui ont été expédiées à Liverpool pour servir d'engrais à des agriculteurs.

Ce trafic se poursuit au XXème siècle, mais heureusement décline à la suite des lois prises par les autorités Ottomanes pour empêcher l'exportation des Momies.

https://mysteresetsciences.wordpress.com

  Lord Carnarvon Un Mécène Eclairé Encore une fois, la fatalité va se charger du destin de ce haut aristocrate anglais, né en juin 1866 ...