vendredi 5 avril 2024

 

Lord Carnarvon

Un Mécène Eclairé

Encore une fois, la fatalité va se charger du destin de ce haut aristocrate anglais, né en juin 1866 dans la propriété familiale de Highclere Castle située dans le comté du Hampshire. En 1901, George Edward Stanhope Molyneux Herbert, plus connu sous le nom de Lord Carnarvon 5ème du nom, est victime d’un grave accident de voiture en Allemagne à Schwalbach. Cette passion pour l’automobile et la vitesse auront raison de lui, le laisseront dans un état de faiblesse et de grandes douleurs.




Au vu de sa santé vascillante et de ses 52kg, les médecins lui conseillent de passer l’hiver loin du climat humide de la Grande Bretagne. C’est durant l’hiver 1903 que Lord Carnarvon séjourne pour la première fois sur les rives du Nil à l’hôtel Bristol au Caire. La fascination pour le Pays des Pharaons n’est pas immédiate comme le racontera plus tard son fils : « Beaucoup de gens m’ont demandé comment vint à mon père ce goût pour l’égyptologie ». Lui, l’homme au tempérament actif : « trouve qu’il n’y a rien à faire dans ce pays », et souffre de l’ennui.


 Sur les conseils de Lord Cromer (homme d’état britannique en Egypte) il obtient une concession ainsi que l’autorisation de fouiller le site de Cheikh Abd el-Gournah. C’est là véritablement que débute une autre partie de sa vie. Il s’installe avec son épouse au Winter Palace à Louxor. Tous les matins, sous les yeux amusés des employés de l’hôtel, Lord Carnarvon et Almina vêtus comme s’ils se rendaient à une garden party, quittent l’établissement pour le lieu de fouilles.

En superviseur des travaux, il passe ses journées sous un tente protégée par une moustiquaire, mais cette première saison de fouilles fût loin d’être fructueuse. La récolte archéologique se résuma à une seule momie de chat ! Loin de se laisser abattre et au vue de ses ambitions illimitées, il demande à son ami Cromer de lui trouver une meilleure concession. Ce dernier le met en relation avec Gaston Maspero (Egyptologue Français et directeur des Antiquités Egyptiennes), qui lui présente immédiatement un certain… Howard Carter.

Entre les deux hommes, que tout divise, naîtra une belle amitié ainsi qu’une formidable et solide association. Lord Carnarvon et Carter explorent la nécropole Thébaine, Assouan ainsi que le Delta où une invasion pullulante de cobras stoppe ces nouvelles fouilles. En 1915, il récupère la concession de Théodore Davis dans la Vallée des Rois, où ont été découverts les restes du banquet funéraire de Toutankhamon. Mais malheureusement les fouilles sont stoppées par la première guerre mondiale et le Lord rentre en Angleterre.




Ce n’est qu’en 1917 que les travaux reprennent ; Howard Carter est persuadé que c’est bien ici que se trouve la tombe du jeune Roi. Après des années à déblayer, à remuer le sable sans découvertes fructueuses, Lord Carnarvon décide de mettre fin au mécénat en 1922. C’est sous l’insistance persuasive de l’archéologue que l’aristocrate accepte une nouvelle saison de fouilles dans cette Vallée des Rois qui va lui donner raison, et qui va lui offrir la plus belle des récompenses…

« Avons enfin fait une découverte extraordinaire dans la Vallée : une tombe somptueuse dont les sceaux sont intacts ; l’avons refermée jusqu’à votre arrivée ; félicitations. ». Voilà le télégramme envoyé par Carter à Lord Carnarvon, qui s’empresse de repartir pour la Vallée des Rois. Il arrive à Louxor le 23 Novembre 1922 au soir en compagnie de sa fille Lady Evelyn ; trois jours après ils pénètrent dans l’antichambre de la KV62.

Que ne fût pas son émerveillement devant cette porte scellée, inviolée et intacte depuis sa fermeture 3000 ans auparavant. Le sceau représentant Anubis et les neuf prisonniers est encore indemne. Emerveillé, Lord Carnarvon va l’être encore plus lorsque Howard Carter allume une bougie et éclaire la pièce. Impatient et nerveux, le mécène lui demande : « Pouvez-vous voir quelque chose ? », l’archéologue stupéfait lui répond : « oui des choses magnifiques ! ».




Deux mois s’écoulent avant l’ouverture officielle de la chambre funéraire qui eut lieu le 18 février 1923, où les deux hommes purent apercevoir à la lueur des torches, la chapelle extérieure. C’est la dernière vue que Lord Carnarvon aura de la tombe, car fin Février il part se reposer quelques jours à Assouan. Il ne prête pas attention à la piqûre de moustique présente sur sa joue, et lors du rasage, la lame entaille cette fameuse piqûre. Suite à cette coupure la blessure s’infecte, son état de santé s’aggrave, et sa fille Evelyn décide de le ramener au Continental Savoy au Caire.

Son médecin de famille, son épouse, son fils ainsi que Howard Carter arrivent au chevet du Lord, mais il est trop tard, son état s’est empiré. Il décèdera au petit matin du 5 Avril 1923 des suites d’une septicémie ayant entrainée également une pneumonie. Il parait qu’au même moment au Château de  Highclere, sa fidèle chienne Susie s’effondre dans un hurlement, et une gigantesque panne d’électricité plonge la ville du Caire dans l’obscurité.




Abattu, Carter notera dans son journal : “ Poor Ld.C. died during the early hours of the morning”.

A l’origine d’une des plus grandiose découverte du XXème siècle dans le domaine archéologique, rien ne prédestinait cet aristocrate britannique à fouler le sol Egyptien pour vivre cette fabuleuse aventure. Ironie du sort ou Malédiction du Pharaon, Lord Carnarvon mourût sur cette même terre qui lui a donné tant de satisfactions le 5 Avril 1923, tout juste 5 mois après l’illustre découverte.

Nous retiendrons de ce grand mécène son véritable engagement auprès d’Howard Carter, sa ténacité à persévérer dans cette chasse au trésor, et d’avoir pu permettre la mise au jour de cette inestimable merveille pour le grand bonheur de l’humanité.

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