Howard
Carter
Naissance
d’une vocation
Hasard du destin ? Peut-être…ou peut-être pas…
100 ans ! Juste 100 ans séparent les deux grandes
découvertes des deux Grands Messieurs qui ont marqué l’Histoire à tout jamais.
Rappelez-vous, le 14 septembre 1822, Jean-François Champollion déchiffrait les
Mystères des Ecritures des Dieux.
Novembre 1922, c’est au tour du londonien Howard Carter d’offrir au Monde entier La Découverte du Siècle qui fera de lui l’archéologue le plus célèbre de ces cent dernières années.
C’est en effet le 4 Novembre 1922 qu’Hussein, un jeune
porteur d’eau, trébuche sur une marche qui les conduira vers le Graal tant
recherché depuis des années. Quelques jours plus tard, le 26 Novembre, Howard
Carter rentrera dans l’Histoire lorsqu’il pu
lire le Nom de TOUTANKHAMON sur les sceaux poussiéreux et intacts, vieux
de 3 000 ans.
Ce n’est que le 29 Novembre 1922 que KV62 est
officiellement ouverte devant un parterre de spécialistes triés sur le volet.
Sa Découverte lui vaut une célébrité qui ne s’est jamais démentie, elle
couronne magnifiquement une carrière qui n’a rien d’un long fleuve tranquille.
Notre archéologue, à la personnalité complexe, a dû
surmonter bien des épreuves. Son caractère intransigeant qui va parfois à
l’encontre de ses propres intérêts, ne l’a guère aidé. Car bien avant sa
découverte archéologique Howard carter a dû essuyer bien des revers.
Enfant, il ne fréquente pas plus l’école que
l’université, il a d’énormes lacunes surtout en orthographe, ses écrits sont
parsemés de fautes. Par contre doué pour le dessin, son père le présente à une
famille de riches aristocrates et collectionneurs qui se passionne pour
l’Egypte. Il y découvre la civilisation pharaonique et fait une rencontre qui
va changer le cours de son existence.
Percy Newberry Egyptologue, recrute Howard Carter comme dessinateur
pour l’Egypt Exploration Fund en 1891. Après avoir formé son œil à l’art
Egyptien dans les collections et archives du British Museum, notre jeune
anglais, à tout juste 17 ans, embarque pour le pays des Pharaons.
Sa première mission en 1892 est de recopier fidèlement à
l’aquarelle, des scènes, des textes, des peintures figurant dans les tombes de
Beni Hassan, une nécropole à 250 km du
Caire. Dans la foulée il participe aux fouilles à Tell-el Amarna, l’antique
capitale d’Akhénaton, pour le compte du Baron Amherst of Hackney qui contribue
financièrement aux travaux de Flinders Petrie considéré comme étant le père de
l’Egyptologie moderne. Howard Carter y met à jour un fragment de statue du Roi
Akhenaton, mais est congédié par la suite par Petrie qui ne l’apprécie pas du
tout. Peu importe, notre britannique rebondit et l’année d’après se retrouve à
Deir-El Bahari comme dessinateur en titre chargé de la reproduction des scènes
qui tapissent le Temple monumental de la Reine Hatchepsout. C’est là qu’il
rencontre Gaston Maspéro, l’Egyptologue français qui apprécie Carter, et lui
propose la place d’inspecteur général des monuments de Haute-Egypte.
Il quitte l’Egypt Exploration Fund en 1899 et se consacre
entièrement à ses nouvelles fonctions. Il veille à la conservation et à la
protection des monuments, surveille les missions archéologiques, organise le
transfert des momies royales et supervise les premières expéditions dans la
Vallée des Rois.
En 1900, il entreprend lui-même des fouilles dans la cour
du complexe funéraire de Moutouhotep II à Deir-El Bahari et découvre l’entrée
du tombeau. Il convie les officiels à l’ouverture de la sépulture ; hélas
elle se révèle vide, à l’exception d’une étonnante statue du souverain. Howard
Carter déçu, perd la face devant ses invités et se sent humilié. Mais, cette
aventure ne contrarie pas Théodore Davis, un richissime homme d’affaire et
avocat américain, qui lui demande de travailler pour lui dans la Vallée des
Rois. Ce mécène envieux et désireux de se procurer de beaux objets, achète la
concession de la Vallée des Rois sur les conseils avisés de Carter. Les deux
hommes noueront une solide amitié, et c’est ainsi que de 1902 à 1914 ils
travailleront ensemble, et les fouilles de Davis et Carter furent les plus
nombreuses et fructueuses menées dans la Vallée des Rois (plus de 20 années de
découvertes…). Ils découvriront la tombe de Thoutmosis IV, Thoutmosis I et
Hatchepsout en 1903.
Toujours en 1903, Carter est promu inspecteur pour la
Basse et Moyenne Egypte, il quitte la Vallée des Rois et s’installe à Saqqarah.
Mais en 1905, au Sérapéum éclate un incident entre des touristes français et
les gardiens du site, il s’ensuit une bagarre et un scandale diplomatique
provoque des tensions entre la France et l’Angleterre. Tenu responsable, Carter
refuse de présenter des excuses, il est renvoyé de ses fonctions.
Il reprend l’aquarelle, vivote quelques années, et c’est
pendant cette période de transition qu’il fera la connaissance d’un
certain…Lord Carnarvon. C’est ainsi que les deux hommes entrent en relation et
que commence une collaboration qui connaitra le succès que l’on sait.
C’est à partir de 1909 que nos deux britanniques
reprennent les fouilles dans les nécropoles de Dra Abou el-Naya. Ils découvrent
la tombe ornée de peintures de Tétiky, un dignitaire du début de la XVIIIème
Dynastie, ainsi que du matériel funéraire. Mais lassé par le côté répétitif des
tombes, reproduisant le même schéma historique, le mécène et l’archéologue
cherchent à s’investir sur d’autres sites.
Clin d’œil du destin, en 1914 Théodore Davis rend la
concession de la Vallée des Rois aux services des Antiquités. Lord Carnarvon se
porte immédiatement candidat, et Gaston Maspéro accède volontiers à sa requête.
Coup du sort ! Le monde rentre en guerre, les missions sont stoppées nets.
Carnarvon rentre en Angleterre et Carter reste en Egypte.
Enfin en 1917, les travaux reprennent dans la Vallée des
Rois. Carter fort de ses intuitions, est persuadé que c’est bien ici que se
trouve la tombe du jeune Roi. Malgré la rudesse de la tâche, obstiné par ses
certitudes, l’équipe de fouilles déblaye des tonnes de calcaire pendant des
années sans découvertes fructueuses. Lord Carnarvon au vu des dépenses très
lourdes investies, décide de mettre fin aux recherches en 1922. Howard Carter
insiste, lui proposant même une aide financière personnelle, car dit-il
« il reste un triangle de terrain qui n’a pas été prospecté ». Le
mécène accepte de continuer et s’engage à financer cette ultime tentative. Et
la suite vous la connaissez...
« Son homme érudit » comme l’appelait le Lord,
a eu raison de ses intuitions, puisque le 4 Novembre 1922, il se retrouve au
pied d’une porte murée sur laquelle se trouve un sceau indiquant le Nom de
celui qui repose dans ce tombeau : TOUTANKHAMON.
Après la découverte, Carter consacrera toute son
existence au jeune Roi. Il ne se maria jamais et finit ses jours dans la
solitude. La mort prématurée de Lord Carnarvon le 5 Avril 1923 déstabilise
quelque peu notre archéologue, car il perd la protection d’un aristocrate
estimé et ami. L’association des deux hommes représentait plus qu’une équipe
qui fonctionne, leurs différences les rendaient complémentaires et
indispensables l’un à l’autre.
En 1932, dix ans après la découverte du tombeau, Carter
évacue les derniers éléments du mobilier funéraire. Ainsi, s’achève son travail
dans la Vallée des Rois, il ressent un grand vide… Rien dans sa vie future ne
sera plus jamais comme avant, il écrira un ouvrage en 3 volumes qui rend compte
de la progression des travaux. Il partagera son temps entre sa maison de
Louqsor et son appartement Londonien. Il flânera sur la terrasse de l’hôtel
Winter Palace à contempler le Nil et les paysages, fera la tournée des
marchands d’art.
Au milieu des années 30, la maladie de Hodgkin lui est
diagnostiquée, ce cancer des ganglions l’emportera le 2 Mars 1939. Ainsi
s’achève la vie mouvementée de l’archéologue le plus célèbre au monde. Ironie
du sort, il s’éteint dans son lit à Londres loin de sa Vallée des Rois, loin de
ce pays qui l’a rendu légendaire, et à qui il a voué, sa vie entière, à la plus
grande et la plus illustre des découvertes archéologiques.
Artiste de talent, archéologue par hasard, Howard Carter
développera une passion sincère pour l’archéologie qu’il adoptera, par une
attitude rigoureuse et appliquée. Bien qu’il ne fût jamais honoré par la
Couronne Britannique pour ses découvertes inestimables, il n’en demeure pas
moins l’un des archéologues les plus connus et reconnus de tous les temps.
« Puisse ton esprit vivre, puisses-tu vivre des
millions d’années, toi qui aimas Thèbes, ton visage face au vent du nord et tes
yeux contemplant le bonheur ». Stèle de Carter.
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