lundi 18 mars 2024

 

Howard Carter

Naissance d’une vocation

Hasard du destin ? Peut-être…ou peut-être pas…

100 ans ! Juste 100 ans séparent les deux grandes découvertes des deux Grands Messieurs qui ont marqué l’Histoire à tout jamais. Rappelez-vous, le 14 septembre 1822, Jean-François Champollion déchiffrait les Mystères des Ecritures des Dieux.

Novembre 1922, c’est au tour du londonien Howard Carter d’offrir au Monde entier La Découverte du Siècle qui fera de lui l’archéologue le plus célèbre de ces cent dernières années.




C’est en effet le 4 Novembre 1922 qu’Hussein, un jeune porteur d’eau, trébuche sur une marche qui les conduira vers le Graal tant recherché depuis des années. Quelques jours plus tard, le 26 Novembre, Howard Carter rentrera dans l’Histoire lorsqu’il pu  lire le Nom de TOUTANKHAMON sur les sceaux poussiéreux et intacts, vieux de 3 000 ans.

Ce n’est que le 29 Novembre 1922 que KV62 est officiellement ouverte devant un parterre de spécialistes triés sur le volet. Sa Découverte lui vaut une célébrité qui ne s’est jamais démentie, elle couronne magnifiquement une carrière qui n’a rien d’un long fleuve tranquille.

Notre archéologue, à la personnalité complexe, a dû surmonter bien des épreuves. Son caractère intransigeant qui va parfois à l’encontre de ses propres intérêts, ne l’a guère aidé. Car bien avant sa découverte archéologique Howard carter a dû essuyer bien des revers.

Enfant, il ne fréquente pas plus l’école que l’université, il a d’énormes lacunes surtout en orthographe, ses écrits sont parsemés de fautes. Par contre doué pour le dessin, son père le présente à une famille de riches aristocrates et collectionneurs qui se passionne pour l’Egypte. Il y découvre la civilisation pharaonique et fait une rencontre qui va changer le cours de son existence.

Percy Newberry Egyptologue, recrute Howard Carter comme dessinateur pour l’Egypt Exploration Fund en 1891. Après avoir formé son œil à l’art Egyptien dans les collections et archives du British Museum, notre jeune anglais, à tout juste 17 ans, embarque pour le pays des Pharaons.

Sa première mission en 1892 est de recopier fidèlement à l’aquarelle, des scènes, des textes, des peintures figurant dans les tombes de Beni Hassan, une nécropole à 250  km du Caire. Dans la foulée il participe aux fouilles à Tell-el Amarna, l’antique capitale d’Akhénaton, pour le compte du Baron Amherst of Hackney qui contribue financièrement aux travaux de Flinders Petrie considéré comme étant le père de l’Egyptologie moderne. Howard Carter y met à jour un fragment de statue du Roi Akhenaton, mais est congédié par la suite par Petrie qui ne l’apprécie pas du tout. Peu importe, notre britannique rebondit et l’année d’après se retrouve à Deir-El Bahari comme dessinateur en titre chargé de la reproduction des scènes qui tapissent le Temple monumental de la Reine Hatchepsout. C’est là qu’il rencontre Gaston Maspéro, l’Egyptologue français qui apprécie Carter, et lui propose la place d’inspecteur général des monuments de Haute-Egypte.

Il quitte l’Egypt Exploration Fund en 1899 et se consacre entièrement à ses nouvelles fonctions. Il veille à la conservation et à la protection des monuments, surveille les missions archéologiques, organise le transfert des momies royales et supervise les premières expéditions dans la Vallée des Rois.

En 1900, il entreprend lui-même des fouilles dans la cour du complexe funéraire de Moutouhotep II à Deir-El Bahari et découvre l’entrée du tombeau. Il convie les officiels à l’ouverture de la sépulture ; hélas elle se révèle vide, à l’exception d’une étonnante statue du souverain. Howard Carter déçu, perd la face devant ses invités et se sent humilié. Mais, cette aventure ne contrarie pas Théodore Davis, un richissime homme d’affaire et avocat américain, qui lui demande de travailler pour lui dans la Vallée des Rois. Ce mécène envieux et désireux de se procurer de beaux objets, achète la concession de la Vallée des Rois sur les conseils avisés de Carter. Les deux hommes noueront une solide amitié, et c’est ainsi que de 1902 à 1914 ils travailleront ensemble, et les fouilles de Davis et Carter furent les plus nombreuses et fructueuses menées dans la Vallée des Rois (plus de 20 années de découvertes…). Ils découvriront la tombe de Thoutmosis IV, Thoutmosis I et Hatchepsout en 1903.

Toujours en 1903, Carter est promu inspecteur pour la Basse et Moyenne Egypte, il quitte la Vallée des Rois et s’installe à Saqqarah. Mais en 1905, au Sérapéum éclate un incident entre des touristes français et les gardiens du site, il s’ensuit une bagarre et un scandale diplomatique provoque des tensions entre la France et l’Angleterre. Tenu responsable, Carter refuse de présenter des excuses, il est renvoyé de ses fonctions.

Il reprend l’aquarelle, vivote quelques années, et c’est pendant cette période de transition qu’il fera la connaissance d’un certain…Lord Carnarvon. C’est ainsi que les deux hommes entrent en relation et que commence une collaboration qui connaitra le succès que l’on sait.

C’est à partir de 1909 que nos deux britanniques reprennent les fouilles dans les nécropoles de Dra Abou el-Naya. Ils découvrent la tombe ornée de peintures de Tétiky, un dignitaire du début de la XVIIIème Dynastie, ainsi que du matériel funéraire. Mais lassé par le côté répétitif des tombes, reproduisant le même schéma historique, le mécène et l’archéologue cherchent à s’investir sur d’autres sites.

Clin d’œil du destin, en 1914 Théodore Davis rend la concession de la Vallée des Rois aux services des Antiquités. Lord Carnarvon se porte immédiatement candidat, et Gaston Maspéro accède volontiers à sa requête. Coup du sort ! Le monde rentre en guerre, les missions sont stoppées nets. Carnarvon rentre en Angleterre et Carter reste en Egypte.

Enfin en 1917, les travaux reprennent dans la Vallée des Rois. Carter fort de ses intuitions, est persuadé que c’est bien ici que se trouve la tombe du jeune Roi. Malgré la rudesse de la tâche, obstiné par ses certitudes, l’équipe de fouilles déblaye des tonnes de calcaire pendant des années sans découvertes fructueuses. Lord Carnarvon au vu des dépenses très lourdes investies, décide de mettre fin aux recherches en 1922. Howard Carter insiste, lui proposant même une aide financière personnelle, car dit-il « il reste un triangle de terrain qui n’a pas été prospecté ». Le mécène accepte de continuer et s’engage à financer cette ultime tentative. Et la suite vous la connaissez...

« Son homme érudit » comme l’appelait le Lord, a eu raison de ses intuitions, puisque le 4 Novembre 1922, il se retrouve au pied d’une porte murée sur laquelle se trouve un sceau indiquant le Nom de celui qui repose dans ce tombeau : TOUTANKHAMON.




Après la découverte, Carter consacrera toute son existence au jeune Roi. Il ne se maria jamais et finit ses jours dans la solitude. La mort prématurée de Lord Carnarvon le 5 Avril 1923 déstabilise quelque peu notre archéologue, car il perd la protection d’un aristocrate estimé et ami. L’association des deux hommes représentait plus qu’une équipe qui fonctionne, leurs différences les rendaient complémentaires et indispensables l’un à l’autre.




En 1932, dix ans après la découverte du tombeau, Carter évacue les derniers éléments du mobilier funéraire. Ainsi, s’achève son travail dans la Vallée des Rois, il ressent un grand vide… Rien dans sa vie future ne sera plus jamais comme avant, il écrira un ouvrage en 3 volumes qui rend compte de la progression des travaux. Il partagera son temps entre sa maison de Louqsor et son appartement Londonien. Il flânera sur la terrasse de l’hôtel Winter Palace à contempler le Nil et les paysages, fera la tournée des marchands d’art.

Au milieu des années 30, la maladie de Hodgkin lui est diagnostiquée, ce cancer des ganglions l’emportera le 2 Mars 1939. Ainsi s’achève la vie mouvementée de l’archéologue le plus célèbre au monde. Ironie du sort, il s’éteint dans son lit à Londres loin de sa Vallée des Rois, loin de ce pays qui l’a rendu légendaire, et à qui il a voué, sa vie entière, à la plus grande et la plus illustre des découvertes archéologiques.   

Artiste de talent, archéologue par hasard, Howard Carter développera une passion sincère pour l’archéologie qu’il adoptera, par une attitude rigoureuse et appliquée. Bien qu’il ne fût jamais honoré par la Couronne Britannique pour ses découvertes inestimables, il n’en demeure pas moins l’un des archéologues les plus connus et reconnus de tous les temps.

« Puisse ton esprit vivre, puisses-tu vivre des millions d’années, toi qui aimas Thèbes, ton visage face au vent du nord et tes yeux contemplant le bonheur ». Stèle de Carter.

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